C’est parti pour la grande bleue, direction le Brésil (sans panneau) : 1600 milles, mais d’abord, sur le chemin, Fernando de Noronha, la première île.
Cette traversée débute avec un temps splendide : un ciel tout bleu, du vent mais pas trop, et la mer est superbe.* * *
De temps à autre, nous récupérons sur le pont des poissons volants qui ont raté leur atterrissage, sauf un qui, une nuit pendant laquelle j’étais de quart, m'est arrivé en pleine figure… ça fait drôle !
Au beau milieu de l’Atlantique, à un millier de kilomètres
de toute terre, nous faisons la connaissance d’un oiseau de la taille d’un
petit moineau. Il est venu se reposer à un mètre de moi sur le
pont, et me regarde en suivant les balancements de Kurma d’un air dubitatif,
ne comprenant pourquoi cette île bouge…
Puis, sans se préoccuper de nous, il s’envole vers l’intérieur
du bateau et va se poser sur un étagère, sans complexe : on est
mieux à l’ombre !
Il y passera le reste de la journée et la nuit. Au matin, sans prévenir,
il reprend sa route. Bon voyage !
Seuls au milieu de l’Océan, nous sommes obligés d'exercer
tous les métiers.
Mon amie se plaint d'un mal de dent terrible : je regarde, c’est un abcès
d’une dent de sagesse. Pendant 2 jours, elle reste couchée et souffre
beaucoup. A la fin, n’en pouvant plus, elle pense que la meilleure solution…
c’est d’ouvrir !
Et me voici transformé en chirurgien !
Je m’empare du bistouri et je coupe dedans ! Pouf ! C’est dégoûtant
! mais elle ressent un grand soulagement, ça va mieux. Je désinfecte
la plaie à l’eau de mer. Le lendemain, tout est presque terminé
!
Cependant, il vaut mieux éviter de faire ce genre de chose, sauf cas d’extrême
urgence !!!
* * *
Au bout de quelques jours, le temps commence à changer, les vents et
la pluie vont et viennent dans tous les sens par rafale, et nous obligent à faire
sans cesse des manœuvres de voiles. Nous entrons dans le fameux pot au
noir.
Il est très large car nous sommes tôt en saison et, de plus, nous
avons choisi de le prendre presque dans toute sa longueur.
De gros nuages noirs nous préviennent de l’arrivée de problèmes,
sauf la nuit !
Alors, il faut faire très vite les manœuvres à l’aveuglette,
en général tout nus, car on n’a pas eu le temps d’enfiler
quoi que ce soit, et de toutes manières, on va se faire tremper jusqu’aux
os.
Lorsque le matin, je me regarde dans la glace, je suis cuit par le soleil et
blanc de sel… Il paraît que ça conserve !!!
* * *
Les jours passent, nous subissons le pot au noir. De temps en temps, il nous
laisse un répit, comme ce matin où nous traversons l’Equateur.
Ce jour là, nous nous sommes déguisés en hommage à
Neptune comme le veut la coutume, car pour tout l’équipage, c’est
la première fois que nous passons dans l’autre hémisphère.