Kurma, mon tour du monde en voilier
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Les îles du Vénézuala (Févr-Mars 1983)

NB : je n'avais ni GPS, ni SATNAV, ni radar : je naviguais au sextant

5-venezuela_400 13 février 1983 22 février 1983 5 mars 1983 19 mars 1983 28 février 1983 24 février 1983
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Départ de Guyane

Nous avons quitté la rivière, ce qui a pris du temps à cause des algues et des kilos de boue sur le mouillage. Nous nous rendons une dernière fois aux îles du Salut pour passer une nuit tranquille avant le grand départ.

8 février 1983 - Tobago

Enfin, ce matin, nous sommes en mer et prenons le cap vers Tobago à 700 milles d’ici.
Nous quittons la Guyane et longeons à une cinquantaine de milles la Guyane hollandaise puis nous approchons des cotes vénézuéliennes, et enfin Tobago.
Le vent tourne au sud et la mer aussi, ce qui ne me rassure pas, car la baie vers laquelle nous dirigeons est ouverte à ces vents qui normalement devraient être nord-est.
J’espère juste que ça va se calmer pour ne pas mettre Kurma en danger, mais ça pousse fort vers la côte !
Heureusement qu’il fait jour, ainsi j’évite des espèces de balises bizarres qui doivent désigner des épaves sous-marines. Nous voyons deux voiliers qui dansent dans la houle.
Nous mouillons dans la baie de Scarborough et attendons la douane qui ne viendra pas. Le lendemain, tout l’équipage descend à terre pour les formalités.
Les Antillais de cette île sont sympathiques et surtout occupés à préparer le carnaval. L’île n’est pas très riche et commence à s’ouvrir aux touristes car il y a de magnifiques plages. les boutiques et le marché ne sont pas très riches en produits frais mais nous nous en contentons pour l’instant.
En cette saison, la houle entre dans la baie et le coin est rouleur. Nous contournons l'île par le sud pour trouver un endroit plus calme. Après la pointe, nous mettons l’ancre dans une anse où l’eau est turquoise et le sable blanc, Englishman bay.

22 février : Tobago vers Los Testigos

Les Testigos (ne faites pas la traduction comme vous le pensez c’est vraiment autre chose !)
sont des îles uniquement habitées par des pêcheurs. Les touristes n'y trouvent aucun confort. Le vent ayant tourné comme prévu au nord, nous n'y restons qu'un soir !
Ce matin route vers les îles Vénézuéliennes.
La première, Los Roquès, pas très touristique pour le moment, mais avec une vraie barrière de corail, est le rendez vous des yachtmans vénézuéliens.

 Le vent devenant de plus en plus fort nous fait faire un arrêt à la Blanquilla, où nous restons sous le vent à l’ancre à subir des rafales un peu fortes. Ce n’est pas catastrophique, le soleil brille et Kurma tient bien dans le sable avec son ancre CQR et ses 20 mètres de chaîne, mais la nuit est agitée.

Des dauphins bien sympathiques.

Dauphins

J’ai fait un petit calcul concernant l’heure de départ demain matin afin que nous arrivions après le lever du jour aux Roques car la barrière de corail est dangereuse.
Peu après minuit, mon amie, de quart à ce moment là, me réveille :
"Ce n'est pas normal, des dauphins courent devant le bateau en poussant des cris et en allant à l’étrave d’un bord à l’autre comme pour nous faire changer de direction, il doit y avoir un danger droit devant !"
Je lui certifie que c’est impossible, nous sommes beaucoup trop loin des Roques.
Comme elle insiste, et que, maintenant, je suis bien réveillé, je sors mon sextant. Le ciel est magnifique, je fais rapidement un point d’étoiles et… surprise ! Nous voici déjà à 5 milles des Roquès...

Comme d'habitude, le phare est en panne depuis plusieurs jours et le courant m'a surpris. Notre vitesse a presque doublé, nous filons au-delà des Roquès que nous ne verrons donc pas, et nous arrivons au petit îlots déserts des Avès.

28 février : Los Aves

Apres avoir mis l’ancre dans le sable blanc, nous descendons tous à terre.
Là, des milliers de cris d’oiseaux nous assaillent. Nous nous retrouvons en plein milieu de milliers de nids de Fous de Bassan, avec leurs petits encore couverts de leur duvet blanc.
Très en colère de notre intrusion, ils nous invectivent.
Les bébés sont rigolos avec leur gros bec et leur façon de trottiner en se dandinant. Et lorsque nous essayons de les toucher, ils crient et nous menacent !
Nous sommes vraiment seuls au monde.
Sur cet îlot, il y a juste une cabane sans murs, plutôt un abri contre le soleil car la végétation est réduite à un peu de mangrove. Nous découvrons aussi une piste d’avion de deux cent mètres sur le sable, et, au bout, un petit monoplace tout en morceaux, qui, nous supposons, a raté son atterrissage.
Nous pêchons et cueillons une langouste pour le repas du soir. La nuit sera calme dans ce mouillage.
Le lendemain matin, la douane vénézuélienne, qui passait par là, nous demande nos papiers et notre destination, et nous conseille de ne pas trop traîner dans le coin à cause des trafiquants.
Nous mettons donc le cap sur Bonaire, île hollandaise plus civilisée.

5 mars. Bonaire

En fin d’après-midi, nous mettons l’ancre devant la ville principale de Bonaire, Kralendijk.
Après le repas, nous allons nous coucher.
Dans la nuit, un drôle de bruit me réveille. Je me lève et me rend compte que Kurma n'est plus devant la ville, il a dérapé l’ancre et se trouve à quelques mètres des cailloux entourant l’îlot qui était derrière nous à bonne distance.
Heureusement, la chaîne et l’ancre se sont accrochées à temps !
Hier soir, j'ai oublié de donner un coup de marche arrière pour m’assurer que le bateau était bien ancré… erreur qui aurait pu nous coûter cher !
J’en suis quitte pour une belle frousse. Je retourne, au moteur, m’ancrer devant la ville, mais cette fois, en assurant ! La chance sourit aux inconscients !
Alors, un conseil que j’ai suivi ensuite tout le long de mon voyage :
une fois ancré, prenez vos palmes et masque et allez vous rafraîchir les idées en regardant votre ancre, ce n’est pas désagréable… et très utile !

Bonaire est un site de plongée protégé depuis longtemps. Nous mettons tous mis palmes et tubas et nous nous immergeons dans cet aquarium naturel. Oh ! Quel spectacle ! Des milliers de poissons de toutes les couleurs viennent nous regarder juste sous notre masque, on pourrait presque les prendre dans nos mains… Un vrai régal pour les yeux ! Cloé est toute excitée, elle nous en parlera pendant plusieurs semaines. Je regrette vraiment de ne pas pouvoir faire de s sous-marines.

19 mars 1983 : Curaçao

Aujourd’hui, nous rejoignons Curaçao, autre île néerlandaise juste à côté.
Le vent est tombé, nous faisons le trajet au moteur jusqu'à ce superbe abri de Spanish Water où nous restons quelques jours car il s'agit de notre dernière étape civilisée avant de rejoindre les San-Blas.
La veille du départ, nous faisons nos achats en ville. Mais nous sommes tellement chargés qu'il nous est impossible de grimper dans le bus, et nous sommes obligés de prendre un taxi.
Nous prenons le bus pour aller visiter la ville de Willemstad. Très folklorique et vraiment drôle, ce mélange de bâtiments d’architecture hollandaise avec des canaux et ses fameux voiliers à fond plats et leurs immenses dérives en bois, ancêtres de nos dériveurs modernes. Il ne manque plus que les Coffee Shop.

Ah ! J’oubliais, le créole d’ici, que l’on nomme le papiamento, est un mélange de créole espagnol et anglais. Vous secouez le tout, sans oublier l’accent, et ça marche !!!

Nous filons avec un bon vent en direction d’Aruba, mais en voyant les cuves de pétroles et les raffineries, nous décidons de ne pas faire de halte... d'autant plus que sur les conseils des douaniers, nous devrons passer assez loin des côtes de Colombie, je suppose que vous devinez pourquoi.

 
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