Kurma, mon tour du monde en voilier
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Océan Indien - Mer Rouge - Canal de Suez

NB : je n'avais ni GPS, ni SATNAV, ni radar : je naviguais au sextant

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Traversée Sri-Lanka - Cochin

Malheureusement, la mer est plate, vent nul... alors moteur !
Pas marrant la navigation au moteur : très lent et bruyant, la galère ! En plus, il faut barrer tout le temps car notre gentil pilote automatique ne fonctionne que quand il y a du vent ! Donc, pour éviter de rester plusieurs jours devant l'île, nous la longeons jusqu'à retrouver la pointe sud de l'Inde. Au large, à part les gros cargos, une étendue désertique... et la mousson, qui jusque-là nous avait bien remués, a disparu... En fait, pas vraiment car nous sommes à l'abri de l'île et avançons ainsi jusqu'à Cochin.

Cochin, de mauvais souvenirs

Nous arrivons enfin sur la côte indienne et, comme d'habitude, de nuit !
Bon, l'entrée est bien balisée. Donc, nous entrons et, bien fatigués, nous jetons l'ancre et attendons la douane. L'attente est brève : un militaire revêtu du beau costume de la Marine monte à bord. Comme je m'étonne de leur rapidité, il me confie qu'ils nous ont repérés avec leur radar, et observent depuis un moment.
Vérification de passeports, des tonnes de papiers à remplir pour déclarer tout ce que nous possédons à bord... nous expliquons qu'entre les jouets des enfants, la cuisine et le matériel de bord, il va falloir 2 jours pour l'inventaire, car Kurma est notre maison ! Indulgent, il ne nous fait remplir que quelques cases en nous affirmant que cela suffira !
Ouf ! Nous avons l'autorisation d'entrée et pouvons rejoindre, plus loin dans la rivière, un endroit prévu comme mouillage pour les petits bateaux. Ce que nous faisons, car le jour s'est levé. L'ancre est jetée et nous allons pouvoir piquer un roupillon !
Hé bien NON ! Voilà un bateau militaire qui nous accoste et une dizaine d'hommes en civil sautent à bord. Ce qui semble être leur chef a en mains le papier de notre déclaration de douane de notre arrivée et ils viennent vérifier. Alors là, c'est le grand chambardement, ils décident de saisir tout ce qui n'est pas sur la liste, ce qui veut dire beaucoup : cela va des Lego des enfants, jouets, poupées... jusqu'aus billets de banque, car j'avais fait un retrait de 500 dollars en coupure de 1 dollars en prévision des petites courses et des pourboires pour le passage de Suez.
C'est une véritable mafia (nous allons apprendre par la suite qu'ils font de même avec tous les bateaux et même les cargos.). Le summum, c'est l'ordinateur (un Amstram de première génération) que j'ai acheté à des profs à Tahiti, et que les enfants utilisaient pour jouer... mais ces arriérés de douaniers pensent qu'il s'agit de matériel d'espionnage (maintenant que j'écris ces lignes, j'en rigole... mais à l'époque, nous avons été traités comme des espions !!!).
Après nous avoir tout simplement tout volé, ces personnages nous emmenent pour interrogatoire devant le service de contre-espionnage. Et voilà l'image bien réelle de ce que nous voyons : nous sommes dans un bureau assis devant un gros indien qui transpire comme un porc, avec, au-dessus de sa tête, un énorme ventilateur qui tente de faire du vent. Les questions fusent : pourquoi êtes-vous ici ? qu'avez-vous l'intention de faire ? pourquoi cet ordinateur ? etc etc… et ça dure... il souffle comme une baleine à chaque réponse, il doit nous prendre pour les espions du siècle et espère sans doute une promotion !
Je me souviens plus du temps que cela a duré, mais en sortant de là, très soucieux car les enfants étaient seuls à bord, nous avons pris la décision de partir très vite après Noël (soit 2 jours plus tard).

indes indes

Nous voilà de retour au bateau.
Pour penser à autre chose, et après avoir rangé tout le bazar fait par ces voyous, nous prenons la navette dès le lendemain afin de traverser cette immense rivière. En ville, un immense marché en plein air nous propose tout ce dont on peut avoir besoin ou envie, car nous sommes dans la province du Kérala, la plus riche d'Inde. Nous achetons des œufs de canards, des légumes, du riz, et, pour Noël, un canard vivant !
Nous mangeons dans une petite échoppe ou tout est tellement épicé que même si la fraîcheur n'est pas au rendez-vous, les épices ont tué les microbes ! Nous sortons de là la bouche en feu et allons boire une citronnade au vendeur de rue (qui, lui, lave son verre dans le même bac toute la journée).
Les rues sont remplies de monde... et de misère. A la vue d'un handicapé qui se traîne au sol pour avancer, Damien me demande pourquoi il a le mal de mer (évidemment, la seule maladie dont il a entendu parlé à ce jour).

indes

Le lendemain nous commençons les formalités de départ, mais ce soir c'est Noël et nous allons dîner au restaurant le plus proche de ce côté de la rivière, un ancien palais de maharadja. Repas pas trop épicé, bon mais un peu traînant en longueur car il y a beaucoup de monde... Bien entendu, il s'agit d'un repas végétarien.
Au matin, je décide de faire un sort au canard qui est attaché sur le pont. Mais au moment où j'enlève son fil à la patte, un sursaut d'énergie lui permet de s'échappee, il court sur le pont et saute à l'eau ! Je renonce à lui courir après. Hélas pour lui, il se retrouve un peu plus loin au milieu d'un groupe de pêcheurs en pirogue... Joyeux Noël à toi qui le récupère, car même si tu es végétarien, tu pourras le revendre !
Les enfants sont contents car, comme vous vous en doutez, ils ne voulaient pas le tuer après avoir joué avec !

Nous déposons notre demande de départ et en profitons pour réclamer ce qu'on nous a pris. Mais "cela n''est pas possible, car il s'agit d'une saisie des douanes, mais, nous pouvons négocier... moyennant finance..."
La véritable arnaque continue. Alors, nous leurs disons notre façon de penser et partons en leur laissant tout!

Ouf ! nous voici en mer et prenons la direction de Djibouti, échaudés par ce pays !
Nous ne sommes encore pas assez au large et avançons sous voile ,quand un bateau de pêche s'approche de nous pour nous quémander des cigarettes. Je fait signe que nous n'en avons pas et que c'est dangereux de s'approcher si près. Ils insistent et finissent par me cogner la coque, heureusement en acier, mais le hublot de 15 mm de plexi, lui, est fendu ! De colère, je mets mon moteur en route et Kurma prend le large à pleine vitesse...
Vous le comprendrez, nous ne retournerons jamais aux Indes !

Traversée de l'Océan Indien

Nous traversons le nord de l'océan indien jusqu'à Aden, à la pointe du Yémen.
Longue traversée car le vent est faible après les îles Laquedives où est installée une base militaire russe (donc pas question de s'y arrêter).
La mer est belle malgré tout, nous essayons de pêcher mais nous allons trop lentement. L'envie de se baigner nous passe quand nous apercevons un aileron assez grand (sans doute un requin). On se contente de se rafraîchir à grands coups de seaux d'eau.
Une nuit, j'entends des voix, et comme je pense à la piraterie connue dans ce coin ou aux trafiquants qui se dirigent vers l'île Socotra, au nord de la Somalie. Je veille et aperçois à la lueur de sa lampe tempête, pas loin de nous, une voile de boutre qui nous croise et s'éloigne. Comme je n'ai pas allumé mes feux de route, et que la lune est invisible, il nous croise sans nous voir.

Notre façon de naviguer nous oblige à veiller davantage, car nous arrivons dans le trafic des pétroliers qui viennent du golfe persique, et au matin nous sommes sur leur route, ils se suivent pratiquement "à la queue leuleu".

Nous allons dans la même direction qu'eux et essayons de rester un peu en dehors de leur rail, pour éviter de faire une mauvaise rencontre.

Aden, sud Yémen

Aden appraît, une immense baie emplie de cargos et bateaux de croisière battant pavillon russe. Nous descendons sans problème à terre, sans voir de douanier !
Le bateau russe a déchargé sa cargaison de touristes qui font la razzia dans les échoppes pour acheter des victuailles (les croisières russes sont-elles proposées sans le repas ?)

Aden est une ville qui semble très triste et pauvre. A la Poste où nous allons envoyer des nouvelles à nos familles, les femmes recouvertes de la tête aux pieds (et mains comprises) de burqas noires avec un grillage sur les yeux intriguent et apeurent Damien qui me demande pourquoi elle sont déguisées en fantôme !

J'ai cassé mon guindeau (ce qui sert à remonter l'ancre) en partant de Cochin, et l'ayant démonté, je suis à la recherche d'une chaîne qui correspond, ce qui n'est pas une mince affaire ! A ma grande surprise, c'est chez un réparateur de motos que je trouve une chaîne (d'occasion). Ouf !

Nous ne nous attardons pas au Yémen. Nos réserves s'épuisent, la ville, très poussiéreuse, ne nous attire pas, et Djibouti est tout près.

Une petite traversée rapide, mer belle, petit vent.
Nous croisons les iles Mouchas, et accostons au port de Djibouti, dernière escale avant la Mer Rouge jusqu'au Canal de Suez.

Iles Moucha

Djibouti

Les boutres à voiles d'Henri de Monfreid sont toujours là pour servir de moyen de transport vers le Yemen ou la Somalie (ou pour le petit trafic de contrebande), mais plus pour la piraterie.

Les îles Mousha, situées au milieu du golfe de Tadjourasont, sont surtout fréquentées le vendredi (dernier jour de la semaine) par les habitants de la cité qui vont pique-niquer et plonger pour découvrir les magnifiques fonds corailliens, prémices de la Mer Rouge. Moucha (ou Musha) abrite une mangrove. Elle est partagée par un lagon qui se dégage à marée basse. C'est ici que Henri de Monfreid a tenté de faire de la culture d'huîtres perlières. Des pêcheurs yéménites y établissent parfois leur campement, à la recherche des ailerons de requins, revendus ensuite en Asie comme aphrodisiaque.

Nous accostons une des nombreuses petites plages de Maskali Bab el mandeb (les Bouches du Diable). Elle ne faillit pas à sa réputation : beaucoup de vent, une houle énorme à cause du passage étroit !

Nous voyons apparaître et disparaître à coté de nous, cachés par les vagues, les cargos qui remontent vers Suez.
Le passage enfin franchi, la mer devient plus tranquille et nous filons vers les iles ????nous allons être au portant et en veillant sur les lumières de cargos. Nous arrivons au matin dans la première baie au sud bien calme et abritée!. Un banc d’énormes raies Manta passe près de nous.
Nous décidons de faire quelques pas à terre avec nos amis de , ? et allons à la découverte de cette île désertique de sable et de pierres, o&ucute; le soleil est cuisant. Pas d'arbre.
C'est ici que nous passons une de nos dernières nuits au calme. Dès demain, nous allons rejoindre sans escale Port Soudan car la côte Érythrée et l’Arabie Saoudite nous sont interdites à cause des conflits.

Le vent vient de changer de direction, nous l'avons pour l'instant pas trop fort dans le nez. Ce qui est évident en Mer Rouge : nous avions été prévenue, la remontée vers Suez n'est pas une partie de plaisir !
Le jeu est donc de tirer des bords. Kurma n'est pas un 'foudre de guerre', nous avançons à son rythme, avec comme repères le rail des cargos d'un coté et la terre de l'autre. Comme il n'y a ni habitation, ni feux sur les côtes, nous allons vers les cargos la nuit, et vers la terre le jour : une belle partie de cache-cache. Et plus nous allons vers le nord, et plus vent et mer forcissent ! Après quelques jours de route, où nous sommes bien secués, nous entrons enfin à Port Soudan.
Très peu de voiliers... et pas de douane (qui n'a plus de bateau !). Nous laissons Kurma à l'ancre et allons effectuer les formalités à terre. Une après-midi de course entre bureaux, lamentations et refus de bakchich pour obtenir l'autorisation de rester faire des provisions et visiter un peu la ville !
Ville recouverte de poussière avec des échoppes presque vides, juste le strict minimum, mis à part le boulanger qui nous fait cuire quelques galettes.
Nous avons fait le plein à Djibouti et pensons nous arrêter le plus souvent possible le long de la côte soudanaise selon les conseils d'un australien qui a mouillé dans plusieurs marsas (la marsa est une ouverture dans le désert où la mer entre sur parfois plus d'un kilomètre avec une cinquantaine de mètres de profondeur).
Bien abrités du vent du nord, nous remontons chaque jour vers le nord par sauts de puce en tirant un bord vers le large la nuit. Dès que nous apercevons les feux des cargos, nous virons de bord vers la terre, et nous dirigeons à travers le corail vers la Marsa. Il faut y arriver avant midi pour trouver le calme et l'eau d'un bleu magnifique (les abords sont de sable). Comme la plupart des mouillages sont très profonds et en pente rapide, chaque fois que je peux, je plante l’étrave de Kurma dans le sable et il ne nous reste plus qu'à porter l'ancre à terre ! Les abris sont superbes, le désert devant nous est juste un peu plus haut que le pont du bateau ! Il n'y a personne d'autre que nous, ni maison, ni pécheurs. Nous trouvons un trophée : le bassin d'un dromadaire, complètement nettoyé par le soleil !
Lors de toutes ces escales, il n'y a eu qu'une fois où nous avons rencontré la une famille et avons échangé eau et riz. En fait, nous étions bloqués au fond d'une marsa par un vent fort qui a duré plus d'une semaine. Un jour o&ucute; nous étions à l'abri, le moteur de Kurma m'a joué des tours : impossible à démarrer ! Il m'a fallu toute une nuit de recherche pour trouver la panne.

Après avoir quitté le Soudan, nous finissons notre montée vers Suez.

Suez

Voilà enfin Port-Suez. Une dizaine de bateaux accrochés à des corps morts.

Après les formalités d'entrée et les provisions, nous sommes prêts pour le passage du Canal.

Un égyptien se présente à nous : Vous avez dû entendre parler de moi, je suis le Prince de la Mer Rouge".
Effectivement, les copains arrivés avant nous nous avaient mis au courant : 'pas de problème, il est sérieux et, moyennant finances bien sûr, il s'occupe de tout !'.

Nous lui confions donc papiers, dollars et provisions ! Puis nous attendons à bord que notre clairance soit faite. Le lendemain, nous avons l'autorisation de descendre à terre ! Ceux qui ont essayé de faire eux-mêmes les formalités ont beaucoup discutés et payé des pots-de-vin !
Le plein de gasoil est indispensable, en effet, le passage du canal prend deux jours !
Avec un pilote, nous remontons le canal pendant que les cargos le descendent. En effet, deux cargos ne peuvent pas se croisés, ceux qui montent circulent un jour, et ceux qui descendent, le lendemain !
Mais Kurma est étroit et plus lent, nous pouvons naviguer le long du bord jusqu'à atteindre le lac intérieur pour y passer la nuit. Le lendemain, nous atteignons Port-Saïd !
Un matin, nous voyons arriver sur le quai un homme avec son âne accroché à une rustique charrette avec deux bidons de gasoil de deux-cent litres : notre pompe à essence ! Nous allons trouver des épiceries avec le nécessaire pour la suite du voyage qui nous mèneras a Chypre ! Nous allons devoir rester plusieurs jours pour réunir tous les bateaux car nous formons un convoi a plusieurs pour le canal ! Pour nous faire patienter le prince qui est aussi agent de voyage nous propose une balade en minibus de l'autre coté du canal ! Il nous fait visiter le site de la guerre des 6 jours ou les israéliens ont détruit l'armée égyptienne en six jours ! Puis le site ou moise a fendu la mer rouge pour traverser ! Superbe journée de vacances que nous aurions surement pas put faire car il fallait autorisation et visa, puis un beau matin voilà notre pilote et c'est parti pour le canal!effectivement il faut aller au moteur au maximum de vitesse et tout près du bord,par moment quelques piquets délimite le chenal puis nous voilà face a de monstrueuses étraves de cargo qui arrivent en sens inverse vraiment impressionnant car il passent a raz de nous et on se demande comment cela est possible car vu leurs hauteurs il ne nous voie pas ! Mais les pilotes eux correspondent par radio ! A ma fin de la journée nous arrivons enfin au lac face a Ismalia ou nous faisons halte pour la nuit sans avoir l'autorisation de descendre a terre ! Une vedette vient chercher notre pilote ! Après une nuit tranquille rebelote pour la deuxième étape plus simple car ici il y a de la place le canal étant plus large,nous arrivons en fin d’après midi a Port Saïd « ville immense « et nous déposons notre pilote sur le quai.

 
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